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CAMP du SET en Autriche

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Semaine 1 : le travail diminue, les esquives augmentent...

 

Lundi 26/02/1945

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Mardi 27/02/1945

Le travail diminue de plus en plus à la fabrique. Il y a de nombreuses pannes d’électricité (quelques-unes de plusieurs jours).

Mercredi 28/02/1945

Aujourd’hui, à 19h00 Cinato donne sa conférence sur l’imprimerie. Hélas, la plupart des auditeurs s’endorment.

Jeudi 01/03/1945

Aujourd’hui, il y a eu une alerte qui a duré 5h30. Toutes les villes d’Autriche ont été bombardées.

Vendredi 02/03/1945

Le courant manque de nouveau mais, l’usine garde les ouvriers. Je me débrouille à partir, quand même à 8h00 du matin et je ne retourne pas à l’usine de la journée. Un français civil est mort dans la nuit. Notre camarade Jean Dumilly est revenu parmi nous ce matin.

Samedi 03/03/1945

Je me suis encore tiré 3 fois dans la matinée. L’après-midi nous partons au pas cadencé pour le cimetière où a lieu l’enterrement de Mr Barres. J’ai fait 4 banderoles en lettres d’imprimerie pour mettre sur les couronnes. J’en ai également fait 2 pour notre camarade J. Waluga. La cérémonie a duré environ 1 heure sous la neige et le vent.

Dimanche 04/03/1945

Le chef Fosse a fait refaire le rassemblement des couleurs car cela n’allait pas assez vite. Cet après-midi j’ai fait 14 programmes pour le repas d’équipe de ce soir. Au menu, nous avons été plus gâtés qu’à Noël grâce aux provisions de Rumilly.

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Semaine 2 : restriction et mauvais temps

 

Lundi 05/03/1945

A la cantine, les rations de pomme de terre ont diminué de moitié, le pain est diminué de nouveau et nous n’avons plus qu’une boule pour 4 jours.

Mardi 06/03/1945

La neige est tombée sur toute la région (50 cm). Un officier de marine française est venu inspecter le camp.

Mercredi 07/03/1945

Le chef de camp est allé dans un préventorium pour emmener 2 équipiers.

Jeudi 08/03/1945

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Vendredi 09/03/1945

Il y a eu 2 alertes aujourd’hui. Toutes les activités du camp ont été supprimées, vu le manque de nourriture.

Samedi 10/03/1945

Il y a un vent tellement violent que la baraque a été presque démolie en partie. Le plafond de la chambre du chef est tombé.

Dimanche 11/03/1945

Nous avons décidé de donner pour chaque équipe, une livre de pain pour le chef Long interné au camp de concentration.

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Semaine 3 : et toujours, les bombardements

 

Lundi 12/03/1945

Il y a eu un grand bombardement de Vienne aujourd’hui. Plusieurs avions ont survolé la région.

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Mardi 13/03/1945

Pendant l’alerte d’aujourd’hui, les Anglo-américains ont bombardé la région de Vienne et ont touché la centrale et il n’y a pas eu de courant. Nous sommes sortis à 3 heures. Une grave histoire est arrivée au camp. Le chef de l’équipe Mermoz est un traitre qui fait partie de la Gestapo. C’est lui qui a fait envoyer le chef Long en prison et qui a vendu Damsac. Il a, de plus, volé 7 cartes d’alimentation d’une femme allemande. Le chef Fosse l’a conduit ce matin à … car il a tout avoué hier soir.

Mercredi 14/03/1945

Alerte, de nouveau, aujourd’hui. Le courant est de nouveau coupé. Je suis resté à la baraque pendant toute l’alarme. Beaucoup d’avions sont passés au-dessus de nous. A un moment donné, les bombes sont tombées pas très loin d’ici.

Jeudi 15/03/1945

L’alerte sonne à 11h00 moins le quart. Pourtant, les avions passent rapidement au-dessus de nous très bas. Des bombes sont tombées très près de nous. Vienne et Neustadt sont bombardés. A 3 heures, il n’y a plus de courant.

Vendredi 16/03/1945

Alerte à 11h15. Il n’y a plus de courant. Nous n’avons pas encore été payés.

Samedi 17/03/1945

On nous a ironiquement appris que nous travaillons dimanche de 6h00 à 12h00 pour récupérer les heures d’alerte.

Dimanche 18/03/1945

Nous travaillons jusqu’à midi. Mais plusieurs équipiers ont été raflés. Ils travaillent 10 heures à creuser des tranchées pour je ne sais quel usage. Triste dimanche ! Sans un morceau de pain. Voici le 8ème mois d’exil. Que sera le 9ème ?

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Semaine 4 : désobéissances et punitions

 

Lundi 19/03/1945

Alerte à 10h00 du soir. Elle ne dure qu’une ½ heure. Mais, je ne vais pas aux abris et reste bien tranquillement à la baraque, couché dans mon lit. Il y a malheureusement des punaises en quantité et nous ne dormons guère plus de 2 ou 3 heures.

Mardi 20/03/1945

Alerte de 11h15 à 3h30. Nous ne retournons pas au boulot. Voici une journée rapidement passée.

Mercredi 21/03/1945

Alarme. Deux se suivent à intervalle de 10 minutes. La deuxième fois, je ne vais pas aux abris. L’offensive russe de Hongrie est, parait-il déclenchée véritablement, cette fois-ci. Espérons qu’ils ne s’arrêteront pas en chemin. C’est aujourd’hui le printemps. 9 mois déjà !

Jeudi 22/03/1945

Nous avons acheté des pommes de terre pour l’équipe : 60kg pour 300 marks. Le kilo à 100f mais le type nous a volé et ne nous a donné quez 45kg pour le même prix.

Vendredi 23/03/1945

Pendant l’alerte d’aujourd’hui, Paul, Félix et moi, avons décidé d’aller chercher du ravitaillement dans les fermes avoisinantes. Dès que les sirènes sonnent, nous courons nous habiller à la baraque. Et nous voilà partis. Nous sommes à peine sortis du village qu’un gros Pierre nous saute presque dessus. Nous le voyons trop tard et il est déjà loin lorsque nous réalisons de ce dont il s’agit. Nous continuons notre chemin dépité. Dans le ciel, des grondements sourds nous indiquent la venue des avions américains. La DCA tire sans arrêt. Nous sommes à travers bois. Pas une ferme en vue. Et, nous risquons fort de rentrer bredouille. Nous parcourons environ une dizaine de km et nous nous retrouvons à côté de Felixdorf qui n’est pas très éloigné de Viener Neustadt. Nous apercevons enfin la première ferme. Mais nous nous faisons proprement mettre dehors par les paysans courroucés. Nous revenons piteusement lorsque nous trouvons des débris d’un avion récemment tombés. Et nous passons par un petit village où une paysanne nous donne un seau de pomme de terre sans accepter aucun argent. Nous revenons cette fois sans avoir essuyé de nouveaux refus. Arrivé au camp, l’alerte était finie depuis longtemps et le lesmeister nous attendait devant la baraque. Il nous ramena tout de suite au travail non sans nous avoir fait lire le règlement.Nous sommes sortis, tout de même à 5 heures.

Samedi 24/03/1945

Aujourd’hui, le lesmeister nous annonce que nous travaillons jusqu’à 5 heures au lieu de 2 heures comme les autres. De plus, nous travaillerons demain toute la journée à faire des fortifications. Mais, ce soir, nous mangeons une bonne purée. Heureusement, car il n’y a qu’un repas chiche.

Dimanche 25/03/1945

Avec Félix, nous avons travaillé de 6 h00 à 10h00 à transporter des troncs d’arbres de Sarrtete à Kromag. Nous avons fait 2 voyages. Pendant l’alerte, nous avons cherché des pissenlits dans les champs. Nous en avons beaucoup ramassés et, le soir, nous avons mangé des pommes de terre avec de la salade et des œufs que Suchet et Banret ont ramené de la campagne.

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Semaine 5 : la quille !

 

 

Lundi 26/03/1945

Aujourd’hui, il y a eu la plus grande alerte qu’il n’y ai jamais eu. Vienner Neustadt a été bombardé.

Mardi 27/03/1945

Les russes ne sont plus qu’à 100km et ils se rapprochent avec une vitesse prodigieuse.

Mercredi 28/03/1945

Les russes se rapprochent, heure par heure de nous. Nous avons tous été au cinéma mais, il y a eu une alerte au beau milieu du film documentaire. Nous avons vu des fusées éclairantes.

Jeudi 29/03/1945

Les russes ont pénétré en Autriche cet après-midi et marchent sur Vienner Neustadt. Nous préparons nos sacs.

Là s'arrête le premier journal de Hubert Juchault

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Avril 1945

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